Le 13 mars dernier, l’ASHRAE Chapitre de Montréal vous conviait à son séminaire annuel portant sur le développement durable. De nombreuses personnes ont eu la chance d’assister à l’événement et au souper-conférence présentés au Club St-James.
Le séminaire a débuté avec le mot d’ouverture d’Hydro-Québec et d’Énergir. M. Éric Bernier, Directeur clientèles affaires et solutions énergétiques à Hydro-Québec a prononcé les mots d’ouverture du séminaire en développement durable.
Éric Bernier lors de sa présentation
Il mentionne que la transition énergétique amène Hydro-Québec à revoir son modèle. Avec le Plan pour une économie verte (PEV) 2030, le gouvernement annonce des cibles de décarbonation pour 2050 qui se traduise par une estimation d’augmentation de consommation d’électricité de 100 TWh. Vous pouvez consulter le document support ici.
Hydro-Québec a développé sa Feuille de route pour 2050 qui va impliquer un effort de toute la société. Ainsi Hydro-Québec se donne les moyens pour atteindre ses cibles : accompagnements, aides financières, tarifications, technologies et services.
Mme Brigitte Samson, Directrice exécutive Solutions énergétiques clients chez Énergir a complété cette introduction.
Brigitte Samson lors de sa présentation
Depuis quelques années, Énergir diversifie son offre énergétique et soutien les efforts de décarbonation par l’encouragement en efficacité énergétique, la distribution de gaz naturel renouvelable (GNR) et la bi-énergie. Dernièrement, Énergir a conclu une alliance avec Nature Energy, un expert en biométhanisation en Europe, afin de produire plus de GNR pour le Québec. Cela va permettre de rencontrer les exigences réglementaires de ratio de GNR, jusqu’à 10%, dans le gaz distribué au Québec.
Pour conclure, Énergir annonce qu’elle travaille actuellement à finaliser le programme de bi-énergie commercial qui devrait être disponible en juin 2023. Dans ses efforts, elle soutient la démarche d’exemplarité de l’État du gouvernement pour décarboner les bâtiments.
Cette année, les sujets abordés dans le séminaire traitaient de l’engagement durable en construction, soit des solutions et des outils à l'heure de la transition énérgétique. Les présentations de l’événement sont disponibles en format PDF et un court résumé est présenté ci-bas.
Simon Kattoura et Daniel Robert ont présenté leur projet récipiendaire d’un Méritas Technologiques ASHRAE pour la 1ère place au niveau de la Société – secteur industriel léger s’est réalisé dans une usine de production.
Cette usine de 125 000 pi2 a un besoin de refroidissement des procédés de 385 TR en période de pointe ainsi qu’un besoin en air neuf de 50 000 CFM en période de pointe. Le refroidissement est assuré par 4 refroidisseurs bi-bloc ainsi qu’un refroidisseur à l’air rejetant la chaleur dans un bassin ouvert et le besoin d’air neuf est assuré par des unités avec bruleurs au gaz à feu indirect.
Le nouveau concept permet d’assurer du refroidissement gratuit conjointement avec de la récupération de chaleur dans un même système.
Simon Kattoura
Pour se faire, les cinq refroidisseurs existants ont été remplacés par un nouveau refroidisseur centrifuge possédant 2 circuits complètement séparés, ce qui donne la possibilité de faire du refroidissement gratuit, de la récupération de chaleur tout en permettant un gain d’espace et une redondance. La création d’une boucle thermique du côté condenseur du refroidisseur ajoute un second niveau de récupération de chaleur. La création d’une boucle primaire ainsi que l’élimination des 5 réservoirs avec les pompes associées ont permis de gagner encore plus d’espace en plus d’offrir une augmentation de capacité due à la diversité.
Daniel Robert
Le nouveau concept a rendu possible l’ajout de 30 TR en plus de 10 000 CFM d’air neuf additionnel tout en utilisant moins d’espace que le système existant. La combinaison de refroidissement et la récupération de chaleur sont des très bonnes stratégies de concept, cependant, la séquence de contrôle doit être bien élaborée afin de trouver les points de contrôle optimaux pour ne pas nuire aux différents modes du système.
Consultez la présentation de la conférence en format PDF.
Le défi énergie en Immobilier 2.0 (DEI) est une Initiative de BOMA Québec.
La mission est de changer la culture de l'immobilier afin que les gestionnaires d’immeuble développent une vision plus large que la gestion usuelle des bâtiments qu’ils opèrent et de les conscientiser à l’ampleur que chacune de leurs décisions peut avoir sur le long terme.
Mario Poirier
Les bâtiments du défi sont catégorisés en fonction de leur intensité énergétique ainsi que leur surface de plancher afin de rendre la compétition la plus équitable.
Le DEI est gratuit, s’effectue sur une période de 4 ans, les participants sont assistés tout au long du processus et les données énergétiques des bâtiments sont partagés afin qu’ils puissent se comparer avec leur confrère tout en bâtissant une base de données intéressante et des prix de reconnaissance sont distribués aux participants en fonction de certains critères.
Le défi énergie est une compétition se voulant rassembleuse, inclusive et conviviale ayant pour but d’accélérer le changement vers une saine gestion de l’énergie et une transition vers la décarbonation.
M. Frédéric Vigeant, M. Env, Délégué commercial - Veille stratégique chez Hydro-Québec est venu nous présenter les démarches de décarbonation des entreprises et l’implication d’Hydro-Québec dans ce processus.
Il nous a présenté les raisons qui poussent les entreprises à se décarboner : pour leur empreinte carbone, pour leur image, pour réduire leurs coûts d’exploitation, pour obtenir des prêts bancaires, pour une certification, pour de la divulgation. Les raisons sont multiples et cette démarche implique des enjeux du côté de l’alimentation électrique : capacité du réseau, délais de raccordement, enjeux de raccordement. Hydro-Québec accompagne les clients pour des conseils en technologie efficace et en gestion de la pointe électrique afin de réduire l’impact sur le réseau.
Frédéric Vigeant
M. Vigeant explique qu’il y a un processus de décarbonation et qu’il ne faut pas sauter des étapes. Souvent, une entreprise est tentée d’évaluer les technologies potentielles avant même d’avoir quantifier ses émissions et établit un plan d’action reconnu par son équipe de direction. Dans un premier temps, l’entreprise doit évaluer les risques, réaliser un plan stratégique, déterminer les coûts par rapport à la réduction de GES et identifier les mesures qui ont un impact et qui sont rentables. Ces étapes mèneront l’entreprise à prioriser en premier lieu les mesures d’efficacité énergétique qui représentent les mesures les plus rentables en matière de réduction de la consommation d’énergie et conséquemment la réduction des émissions de gaz à effet de serre. L’exemple fourni consiste à se poser la question si les derniers pourcentages de décarbonation pour atteindre 100% décarboné sont rentables pour l’entreprise, pour l’environnement et pour la société, car ils génèrent un grand appel de puissance pour peu d'heures d'utilisation dans l'année, et bien souvent en période de pointe sur le réseau.
L’augmentation de l’électrification des entreprises amène Hydro-Québec à revoir fréquemment ses bilans d’énergie et de puissance, à évaluer les coûts d’approvisionnement, à identifier les limites de son réseau et les investissements nécessaires pour les infrastructures. La prévision d’augmentation de 100 TWh, combinée à la forte demande industrielle en attente de raccordement (< 20 000 MW) a poussé le gouvernement à adopter la Loi 2 qui lui permet, en collaboration avec Hydro-Québec de prioriser les projets à partir d’une demande de 5 MW selon leurs retombées économiques, sociales et environnementales pour la province.
En terminant, M. Vigeant partage sa vision de décarbonation qui commence par la réduction du gaspillage et de la consommation (efficacité énergétique), la gestion de pointe efficace et enfin la conversion vers les énergies renouvelables. Il précise qu’Hydro-Québec offre des subventions pour les projets d’efficacité énergétique et de gestion de pointe, ainsi que de l’accompagnement pour élaborer des trajectoires de décarbonation.
Consultez la présentation de la conférence en format PDF.
La Société québécoise des infrastructures (SQI) est venue présenter les enjeux et solutions qu’elle rencontre et développe à son quotidien pour opérer un parc de bâtiments efficaces et durable. Un duo d’experts nous a présenté leurs travaux : M. Jean-Sébastien Trudel, ing. travaille à la Direction de la normalisation et du développement durable de la SQI et M. Ferdinand Simard, Ing. est coordonnateur à l'exploitation du volet écoénergétique de la SQI.
Jean-Sébastien Trudel
Ferdinand Simard
La SQI gère la construction et l’exploitation des bâtiments gouvernementaux du Québec. De ce fait, elle est soumise au respect des orientations du gouvernement et en particulier celles du Plan pour une économie verte (PEV) 2030 qui exigent des bâtiments plus performants et qui visent la carboneutralité. Pour y arriver, la SQI mise sur des concepts techniques souvent complexes qui peuvent apporter un lot de défis lors de l’exploitation.
Parmi les enjeux d’exploitation, la SQI rencontre des problèmes de confort des occupants à cause de problèmes de contrôle (combat chaud/froid) et des problèmes de consommation d’énergie élevée dus à des technologies « intelligentes » qui ont des difficultés d’opération et de contrôle. La SQI a présenté plusieurs projets où des corrections et ajustements ont dû être apportés à l’exploitation afin d'atteindre les prévisions de consommation d’énergie.
Dans ses projets, l’équipe d’exploitation pense avant tout à la simplicité et la flexibilité des technologies. Elle met aussi l’accent dès la conception à obtenir des structures de programmation très détaillées et non générales pour faciliter leurs implantations et leurs compréhensions par les opérateurs. Pour atteindre ses cibles de performance, l’équipe d’exploitation s’arrime avec celle de conception.
Pour le succès de leurs projets, la SQI mise sur le suivi de la consommation en continu, la flexibilité d’opération, le suivi de la mise en service des bâtiments, la simplicité technologique et la remise en service des bâtiments existants.
M. Michel Fournier, conseiller sénior en efficacité énergétique au ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP), a présenté les stratégies gouvernementales sur l’utilisation de l’énergie au Québec et les plans pour décarboner le secteur du bâtiment.
Michel Fournier
Dans un premier temps, M. Fournier rappelle que 53% de l’énergie consommée au Québec est importée, en particulier le pétrole, et que grossièrement 50% de l’énergie est d’origine fossile. Le secteur du bâtiment commercial et institutionnel (CI) représente 15% de la consommation d’énergie du Québec. En comparaison, le Québec est une des provinces les plus énergivore par rapport à d’autres pays. Malgré les efforts d’efficacité énergétique, le secteur CI continue sa croissance en consommation d’énergie. M. Fournier nous fait observer le retard du Québec par rapport aux autres provinces en termes de bâtiments ou professionnels certifiés dans le domaine de l’efficacité énergétique.
Le gouvernement a adopté une politique cadre avec le Plan pour une économie verte (PEV) 2030. Ce cette politique découle le Plan de mise en œuvre (PMO) 2022-2027 et le Plan directeur en transition et innovation tous deux supporté par le MELCCFP. Ces plans annoncent des mesures et des budgets pour atteindre les objectifs du PEV 2030.
Le gouvernement veut prioriser les actions en passant par la sobriété, l’efficacité énergétique et enfin la conversion vers les énergies renouvelables. L’ensemble des budgets pour atteindre les cibles du secteur bâtiment représente 15% du budget total. Plusieurs axes et travaux sont mis de l’avant pour atteindre les cibles :
- Plusieurs programmes de subventions comme :
- Ecoperformance
- La valorisation des rejets thermiques
- La gestion de pointe (GDP) et la biénergie
- La divulgation et cotation des bâtiments
- La réglementation avec le développement d’un parc virtuel et d’archétype de bâtiment
- L’exemplarité de l’État
- Le développement de solution d’efficacité énergétique pour les réseaux autonomes et isolés
Plusieurs plans stratégiques sont mis en place dans plusieurs ministères, dans des municipalités et dans plusieurs pays pour atteindre la cible de carboneutralité en 2050.
Pour conclure, avec le délai court pour le virage de décarbonation, le gouvernement veut mettre l’effort sur l’action, l’électrification intelligente, le thermopompage couplé au stockage thermique et surtout pérenniser les gains.
La journée s’est conclue par un panel de l'industrie animé par Jean-Philippe Hardy dont les panelistes étaient Michel Fournier (MELCCFP), Jean-Sébastien Trudel (SQI) et Ronald Gagnon (Pageau Morel) et qui portait sur la décarbonation, les défis de la SQI face à la décarbonisation, les subventions en vigeur ainsi que sur le marché du carbone.
De gauche à droite: Ronald Gagnon, Michel Fournier, Jean-Sébastien Trudel et Jean-Philippe Hardy lors du Panel
Merci à nos partenaires Hydro-Québec et Énergir pour votre support à l’ASHRAE Chapitre de Montréal. Merci à tous les conférenciers pour votre collaboration et pour la très grande qualité de l’information partagée. Et merci à tous les bénévoles pour votre contribution à l’organisation de l’événement dans une année d’incertitudes sanitaires.
À l’année prochaine !!
Par Cedric Daval ing. et Mendy Joseph CPI, Comité édition