BIM en ingénierie- ce que les membres ont besoin de savoir
Le monde est en constante évolution. La volonté de développer de nouvelles méthodes de travail, de nouveaux processus ou encore l’optimisation des technologies aux bouts des doigts sont les troncs communs d’un besoin humain, en matière d’innovation. En effet, le besoin d’innover est intrinsèquement relié à la volonté de centraliser l’information et d’en faciliter l’accès, le traitement ou la gestion.
Depuis 2012, dans l’industrie de la construction, nous pouvons observer une tendance graduelle ascendante et soutenue concernant l’intégration de nouveaux processus et de nouveaux outils-logiciels performants permettant de faciliter les communications ainsi que le flux d’échange d’informations. Dans la construction, le processus innovant qui intègre également des outils-logiciels performants se nomme « processus BIM (Building Information Modeling)» ou communément appelé « Le BIM ».
Très souvent, la première idée que l’on se fait du BIM porte à croire qu’il s’agit d’un nouveau logiciel. En fait, il s’agit plutôt d’un nouveau processus collaboratif.
Ce nouveau processus collaboratif BIM est divisé en deux (2) volets distincts, soit le premier volet nommé le « volet informationnel » ou aussi nommé « volet système-qualité » et le « volet des technologies » que l’on appelle parfois le « volet pratique logiciel ». Ces deux volets regroupent ensemble l’aspect documentaire et technique qui forment ensemble le processus BIM. Les principaux objectifs sont la centralisation des informations et l’optimisation des communications et de la collaboration sur un projet de construction.
Un des principaux atouts que propose le processus BIM est de prendre conscience de l’importance de rassembler les intervenants d’un projet autour de la même table. Concrètement, nous pouvons qualifier de « table numérique » la plateforme infonuagique qui étant est un des moyens technologiques de rassembler tous les intervenants autour de la « table de projet » en temps réel.
À titre d’exemple, un outil-logiciel infonuagique, tel que BIM360 également appelé BIM Collaborate favorise le travail collaboratif et permet une excellente pré-coordination, dès la phase conceptuelle d’un projet et s’étendant jusqu’à la livraison du projet. En fait, les différents intervenants qui participent à un projet BIM convergent tous vers la plateforme commune afin d’optimiser leur travail d’équipe ainsi que le produit que l’on peut nommer « la maquette 3D ou maquette BIM » qui contiendra toutes les informations du projet. Rassembler les intervenants est un principe fondamental du processus de conception intégré (PCI). On parle maintenant de BIM-PCI.
Figure 1 – On rassemble tous les intervenants autour d’un projet
Il est important de cibler les bons leviers qui permettront d’optimiser le taux de réussite d’une intégration BIM. Cette intégration se fait concrètement en deux (2) étapes majeures :
- Débuter par l’intégration BIM au sein-même de son organisation;
- Intégrer un projet aux exigences BIM.
Les leviers qui permettent de réussir son intégration BIM pour ensuite prendre part à un projet aux exigences BIM sont :
- L’implication de l’équipe de direction et les raisons qui motivent l’innovation;
- L’identification de la mission collaborative qui permettra l’adhésion des gens;
- La simplicité des canaux de communications sélectionnés;
- Agir en prévision et non en réaction;
- Privilégier l’accompagnement pédagogique des gens, par le biais de formations;
- Le choix stratégie des outils-logiciels faciles d’utilisation et performants.
Figure 2 – L’évolution d’un projet BIM
Dans tous les domaines d’expertises, le principal défi dans l’intégration des technologies est avant tout humain. Le plus petit changement fait réagir et très souvent on observe une mécanique de défense face à l’inconnu ou envers tous changements pouvant modifier des façons de faire avec lesquelles nous étions confortables. Le changement est aussi synodique d’efforts et parfois, on hésite face à l’effort nécessaire pour bien opérer le changement et l’introduire dans son quotidien.
Depuis 2018, on remarque une volonté marquée de la part du Gouvernement du Québec à faire de la place à l’apport technologique dans l’optimisation du processus de réalisation des projets de construction. Soulignons que la Société québécoise des infrastructure (SQI) a diffusé sa nouvelle feuille de route en construction et inclut la description de ces attentes BIM, en terme de livrables tangibles.
En premier lieu, la volonté d’innover s’identifie sous deux aspects, soient la documentation des exigences et l’utilisation des données. De façon exponentielle, nous pouvons par exemple constater la présence d’exigences BIM inscrits dans les appels d’offres publics. Ensuite, nous constatons l’intérêt du donneur d’ouvrage à vouloir utiliser les informations présentes dans les maquettes 3D-BIM pour combler différents besoins, tel que l’amélioration de la coordination en chantier, l’amélioration ou la vérification des données d’estimation, la visualisation ou l’optimisation de l’échéancier de construction, l’intégration du volet énergétique ou encore l’implication des manufacturiers et des opérateurs de bâtiments dans le volet de la maintenance prédictive et la mise à jour du plan de maintien des actifs. Bref, les bénéfices existent autour du BIM et on peut maintenant les mesurer.
Figure 3 – Bénéfices du BIM
QUELLES SONT LES VALEURS AJOUTÉES DU BIM EN INGÉNIERIE ?
- La centralisation des informations techniques dans la maquette;
- La représentation graphique du concept réel;
- Le travail synchronisé en temps réel au sein-même de son équipe d’ingénierie;
- La synchronisation de son travail avec les autres intervenants pour favoriser la pré-coordination;
- L’intégration et le suivis de toutes modifications ou commentaires dans la maquette;
- Traitement des modifications pratiquement de façon instantanée;
- Visibilité en temps réel des intervenants actifs dans le projet;
- Communications en temps réel (chat) entre les intervenants du projet;
- Anticipation des problématiques éventuelles afin de les éliminer avant le démarrage en chantier;
- Éviter des ajustements en chantier qui sont très coûteux;
- Participer à l’optimisation de l’échéancier de construction.
PAR OU DÉBUTONS L'INTÉGRATION BIM EN INGÉNIERIE?
Tout d’abord, il faut se rappeler les leviers décrits plus haut. L’intégration débuter au sein de son organisation, car un vielle adage dit que « les babines doivent suivre les bottines ». En somme, on cible les points d’améliorations et on élabore un plan d’action autours de ceux-ci. Il est important d’en profiter pour rappeler les forces de son organisation et la mission de celle-ci. L’innovation technologique fait partie intégrante d’une recette gagnante à offrir à son client.
Figure 4 – Exemple d'intégration BIM
- Définir les points d’amélioration possibles dans votre chaine de production actuelle
- Élaborer le plan d’action avec un échéancier avec des étapes et des objectifs concrets
- Déterminer l’aide externe spécialisée pour vous accompagner
- Regardez les programmes de subventions
- Valider que l’aide externe peut offrir du contenu d’appuis qui est éligible aux subventions
- Impliquer l’organisation et les divers départements
- Sélectionnez les membres de votre équipe qui souhaitent faire partir de l’intégration BIM
- Suivez les étapes du plan d’action et faites-vous accompagner
PORTRAIT De la construction 4.0 AU QUÉBEC
Depuis 2014, dans le domaine de la construction au Québec, plus de 67 % des entreprises de plus de 100 personnes utilisent les technologies dans leur travail afin de partager de l’information et d’être plus productives. Les entreprises innovantes partagent deux motivations communes, soit :
- Le désir d’une plus grande efficacité;
- La volonté d’intégrer de nouvelles méthodes de travail.
Étant donné que l’industrie est fragmentée et complexe, elle tarde cependant à adopter les innovations technologiques.
Dans les industries performantes, comme la construction navale par exemple, l’efficacité passe par une excellente maîtrise du cycle de vie. Le processus du « product life cycle management » (PLM), soit la planification du cycle de vie assure le bon déroulement d’un projet de construction. Comme la construction d’un navire, la construction d’un bâtiment est complexe et les options offertes sont innombrables.
QUELLE EST LA CAUSE DES DÉLAIS ET DES « EXTRAS »?
Les nouvelles technologies permettent des processus efficaces depuis quelques années dans l’industrie de la construction. Ce sont les processus de modélisation des données du bâtiment (BIM) qui intègrent les meilleures pratiques des industries manufacturières et qui permettent d’innover. La figure 5 présente la gradation de la complexité de fabrication combinée aux options possibles de modifications.
Figure 5 - Complexité de fabrication et options offertes selon le système de production
Un peu comme l’intégration d’une chaine de production d’une usine, l’intégration des processus numériques (BIM) nécessite des efforts, de la formation et un déploiement stratégique très structuré. La transformation digitale en entreprise implique d’amener le plan d’affaires intelligent à évoluer et s’adapter. Les principales causes d’ajouts de délais, ou de dépassement de coûts, où les deux sur un projet de construction sont en grande partie attribuables à une des deux raisons suivantes :
- Une modification à la portée du mandat en cours de projet;
- L’absence d’une approche modulaire dès la phase de planification.
Pour l’industrie de la construction, il est important de prioriser une excellente planification du cycle de vie (PLM) qui invite à déployer une approche intégrée similaire et qui doit être entreprise au sein même de sa propre organisation, avant de songer à avoir un impact positif dans un projet numérique BIM.
Heureusement, les processus de modélisation des données du bâtiment (BIM) permettent une planification complète réduisant les imprévus à toutes les étapes d’un projet de construction. Les opérations internes deviendront, dès lors, davantage utiles et bénéfiques; on devient performant en dedans avant de l’être à l’extérieur.
AutRICE
Jessika Lelièvre,
Présidente-directrice générale et fondatrice |Directrice de mandat numérique, Ovation technologies