CE QUE VOUS AVEZ PEUT-ÊTRE MANQUÉ...SOUPER-CONFÉRENCE DU 8 AVRIL 2019
Le 8 avril dernier, à l’occasion de la Soirée histoire et fonds de recherche, le Chapitre de Montréal a reçu M. Alain Trahan, ing., président, H2O Biotech inc. qui est venu nous démystifier ce qu’est la légionelle dans le milieu de la mécanique du bâtiment et quelle est la réglementation au Québec. Cette session technique a permis à l’assistance de découvrir la provenance de la légionellose, comment se développe-t-elle, quels sont les risques associés et les méthodes de prévention. Puis, pour le 2e volet de la soirée, le Chapitre de Montréal a accueilli Mme Jessika Lelièvre, PDG – Fondatrice et directrice BIM, Ovation Technologies inc. Cette conférence principale portait sur l’intégration de solutions BIM dans un projet.
Conférence technique
COMPRENDRE ET PRÉVENIR LA LÉGIONELLOSE
Présentée par Alain Trahan, ing., Président, H2O Biotech
Gauche à droite: M. Alain Trahan accompagné de M. Étienne Séguin-Dupuis
M. Trahan a débuté sa présentation en nous sensibilisant que l’élément le plus important à retenir de sa présentation est l’importance de la température de nos systèmes pour éviter le développement de la légionelle. Durant sa présentation plusieurs autres points seront traités, comme : comprendre la légionnelle, la règlementation au Québec, les systèmes à risques et les considérations de design.
M. Trahan, nous réitère sa demande de porter attention et se rappeler que la température optimale de développement de la légionnelle se situe entre 29°C et 43°C (85°F et 110°F). Pour des températures inferieures à 29°C, la légionnelle est dormante, pour des températures supérieures à 43°C elle commence à se faire tuer tranquillement. On doit surveiller nos systèmes mécaniques qui ont des conditions de température de 29°C et 43°C et essayer de les opérer en dehors de cette plage si on est capables.
Comprendre la légionelle
La légionnelle a été identifiée en juillet 1976 lorsqu’elle a causé 182 cas et 29 décès lors d’une convention de légionnaire dans un hôtel de Philadelphie. Suite à cet événement, le CDC (Centers for Disease Control and Prevention) a travaillé pendant plusieurs mois afin d’identifier la bactérie.
De façon générale, 66 espèces de légionelles existent et deux formes cliniques de légionelloses ont été identifiées:
- la « maladie du légionnaire » ou Légionellose : pneumonie sévère, manifestations neurologiques, troubles digestifs, insuffisance rénale nécessitant un traitement antibiotique ;
- la fièvre de Pontiac : syndrome pseudo-grippal bénin à guérison spontanée.
La transmission se fait principalement par aspiration de gouttelettes d’eau contaminées et les personnes plus à risque sont les fumeurs, les personnes âgées, les immuno-déficientes, les personnes sous traitement médical ou les personnes qui sont aux soins intensifs.
M.Trahan nous rappelle l’important cas de légionelle qui a eu lieu durant l’été 2012 à Québec et qui a eu comme conséquence 182 cas et 13 morts. Comme on peut voir sur la figure 1, l’inspection a été faite sur 70 bâtiments, 131 tours de refroidissement et un total de 213 échantillons ont été analysés.
Figure 1 : Cas de légionelle - été 2012 à Québec
Selon M. Trahan, malgré la prise de conscience, il reste encore du travail à faire en regardant le nombre de cas (1 000 000 UFC/L et plus) reportés par année financière (selon la Demande d’accès à l’information ACC 1819-0596), soit :
- 2015-2016 : 223 cas ;
- 2016-2017 : 92 cas ;
- 2017-2018 : 71 cas ;
- derniers 6 mois de 2018 : 106 cas.
Alors, on observe qu’on apprend avec le temps mais, selon M. Trahan, il reste encore beaucoup de choses à apprendre et des méthodologies de suivi à développer afin de contrôler le nombre de cas.
Règlementation au Québec
La principale réglementation est celle sur les tours de refroidissement gérée par la Régie du bâtiment du Québec à la suite de l’incident survenu en 2012. Pour les hôpitaux on retrouve la norme le CSA 317.1 qui spécifie les températures des circuits d’eau chaude (plutôt d’un point de vue de brulures) et identifie la légionelle comme un risque à considérer dans le design.
Si on regarde la réglementation de la RBQ, en vigueur depuis mai 2013, par décret, on mentionne que les tours de refroidissement :
- doivent être enregistrées;
- doivent avoir un programme d’entretien et de traitement d’eau;
- doivent avoir une documentation d’entretien et des réparations;
et, depuis juillet 2014, par décret, on a rajouté que toutes les tours de refroidissement :
- doivent avoir un test de légionelle aux 30 jours;
- tous les résultats positifs (>10 000 UFC/L) doivent être rapportés par les laboratoires.
Figure 2 : Stratégies de contrôle de la concentration en Legionella pneumophila
De plus, la RBQ a préparé un très bon Guide explicatif sur l’entretien des installations de tours de refroidissement à l’eau dans lequel on parle de 4 grandes dimensions d’un programme d’entretien dans le but d’avoir un contrôle optimal du risque de légionnelle, soit :
- le traitement de l’eau;
- la gestion hydraulique;
- la limitation de la dispersion des aérosols;
- la gestion des matières solides.
Étude présentée à Atlanta
M. Trahan continue sa présentation en nous parlant des résultats d’une étude très intéressante qui a été présentée à Atlanta, soit : Legionella Regulation, Cooling Tower Positivity and Water Quality in the Quebec Context : A Review of Field Data (AT-2019-C042). Cette étude présente les résultats d’observation de 323 tours de refroidissement qui ont fait l’objet d’entretien durant plusieurs années. Toutes ces tours ont été testées chaque 30 jours (13 tests / année) et environ 100 000 points data ont été recueillis durant 3 ½ années. Le graphique suivant présente le cas de légionellose en fonction de la température. On observe que les cas diminuent l’hiver avec les températures, et augmentent l’été suivant. De manière générale, on voit une amélioration à chaque année.
Figure 3 : Cas de légionnelle en fonction de la température
Une autre étude a été faite, soit de montrer l’impact de variations de certains paramètres (température, alcalinité, pH, dureté, conductivité, halogène libre et total, chlorure et la façon d’appliquer les dispersants) après 30, 60, 90 et 180 jours. Cette étude de causalité, consiste à garder un de paramètres mentionnés plus haut fixe et de faire varier les autres. Une variance inférieure à 0.05 représente une causalité directe, et selon les résultats présentés dans la Figure 4 la première cause semble être la présence de légionnelle, suivi de la température comme deuxième cause. La conclusion qui en résulte c’est que le suivi de la légionnelle n’est pas un événement ponctuel, c’est une story line. Il faut suivre les évolutions et s’il y a des variations il faut être prêt à anticiper ce qui va arriver dans le temps.
Figure 4 : Étude de causalité de la légionnelle
Les systèmes à risque
Les principaux facteurs de risque sont la température, la dissémination, la présence d’individus à risque sans négliger l’interruption du service municipal d’aqueduc dû à un bris. Les analyses de risques doivent être faits dans tous nos systèmes d’eau comme :
- circuits d’eau chaude;
- tours de refroidissement;
- spas;
- machines à glace (hôpitaux);
- vaporisateurs;
- douches et laves-yeux d’urgence;
- fontaines et jeux d’eau.
M. Trahan donne d’exemple des circuits d’eau chaude dans les hôpitaux, pour lesquels la réglementation exige : températures chauffe-eau de 60°C, circulation à 50°C et distribution pour éviter les brûlures à une température de 43°C. Ces températures impliquent l’installation des mitigeurs et leur entretien devient un élément critique; des nouveaux produits sont développés par des manufacturier pour diminuer ce risque.
Pour les tours d’eau, tel que présenté dans le Guide explicatif sur l’entretien des installations de tours de refroidissement à l’eau, les facteurs favorisant la prolifération et la dispersion de la légionelle sont :
- la température;
- l’abondance de biofilm;
- les protozoaires;
- la corrosion et l’entartrage;
- la stagnation de l’eau;
- la concentration de nutriments;
- la dispersion des aérosols.
M. Trahan conseille une conception à une température entre 85°F à 95°F pour Montréal (75°F wet bulb) et une opération entre 70°F à 80°F. Pour la filtration, comme nous sommes en présence d’un laveur d’air, un système de filtration sera souhaitable.
Pour les spas, un entretien rigoureux est nécessaire puisqu’on se retrouve dans une plage optimale de température pour la légionelle. Un entretien rigoureux et une surveillance accrue est nécessaire pour les vaporisateurs, les douches et lave-yeux d’urgence ainsi que pour les fontaines et jeux d’eau.
CONCLUSION
En conclusion cette conference nous a permis de démystifier ce qu’est la légionelle dans le milieu de la mécanique du bâtiment, quelle est sa provenance, comment se développe-t-elle et quels sont les risques associés et les méthodes de prévention. Avec son expertise dans le domaine, étant membre du comité SPC 188 qui a écrit le Standard ASHRAE 188 sur la Légionellose, M. Trahan a réussi à bien nous transférer l’information et à nous faire part de son expérience.
Consultez la présentation de la conférence technique.
Par Magdalena Stanescu, Comité édition
Conférence principale
L'INTÉGRATION DE SOLUTIONS BIM DANS UN PROJET
Présentée par Jessika Lelièvre, PDG – Fondatrice et directrice BIM, Ovation Technologies inc.
Gauche à droite: Mme Jessika Lelièvre accompagnée de M. Gabriel Gosselin et de M. Francis Lacharité
La conférence principale du 8 avril dernier portait sur la modélisation des données de bâtiment, mieux connue sous l’acronyme anglais BIM qui signifie building information modeling. Le BIM se définit comme un système d'analyse informatique multi-dimensions qui permet de structurer l’échange d’information afin d'étudier sous les aspects de la physique, de l'espace, du temps et des coûts, le processus de construction d'un bâtiment et son résultat.
Pour débuter son exposé, Mme Lelièvre a précisé qu’il existe 3 variantes du BIM : le BIM qui touche le domaine de la construction, le BIM MEP qui touche les activités électromécaniques et le BEM qui traite de la simulation énergétique. Mme Lelièvre distingue ensuite 2 modes de réalisation de projets : le mode « sablier » et le mode « pyramide ». Elle précise que le BIM touche tous les acteurs d’un projet et que chacun d’eux doit se doter d’une équipe BIM. Par ailleurs, tous les intervenants doivent être impliqués dès le début du projet. Le fait de réaliser un projet par le BIM aura des impacts importants sur les rôles et responsabilités, la gestion de l’information et les méthodes de travail. Mme Lelièvre précise que l’adaptation des entreprises ne doit pas être prise à la légère. Les gestionnaires doivent prévoir une période d’adaptation, mettre ne place des processus efficaces et les valider, puis prévoir des mises à jour régulières.
Puis, puis Mme Lelièvre poursuit avec une mise en garde, le BIM n’est pas simplement du dessin assisté par ordinateur (DAO). Il ne s’agit pas de créer une maquette 3D d’un projet. Le modèle est conçu sous forme vectorielle, il implique la création de familles, l’utilisation de fichiers vivants, etc. Les objectifs sont plus poussés, soient un partage des rôles et responsabilités, une saine gestion des informations et des méthodes de travail efficaces. L’entreprise complète est touchée par le choix du BIM, même les termes contractuels, soit les avocats et les ressources matérielles, soit le service informatique devront intervenir sur le projet.
Pour bien intégrer le BIM au domaine de l’ingénierie, il faut : ajuster les modes et les canaux de communication, établir les standards de l’entreprise par rapport à la donnée, repenser les méthodes de travail et mettre en place un système de contrôle-qualité. Les bénéfices peuvent être multiples : moins de perte de temps, une pré-coordination efficiente, des équipes de travail opérationnelles, un déploiement rapide des modifications, etc. Le BIM implique aussi une redéfinition des rôles et responsabilités des intervenants dans une équipe d’ingénierie (directeur BIM vs. chargé de projets, gestionnaire BIM vs. chargé de projets-concepteur, modélisateur vs. concepteur-dessinateur).
Au niveau de la gestion des informations, Mme Lelièvre poursuit avec une mise en garde contre le Level of detail (LOD). Une modélisation inutilement détaillée ralentira la maquette et demandera des ressources informatiques superflues sans qu’il y ait de gain d’efficacité dans le projet. Au contraire, cela peut compromettre la viabilité des échanges. La même analyse doit être faite pour les «niveaux de BIM » (3D, 4D, 5D, etc.). Il faut se concentrer sur les objectifs numériques attendus du projet pour déterminer les méthodes de travail, les stratégies et les outils à prioriser. Mme Lelièvre explique ensuite la nécessité de se doter de documents contractuels clairs et détaillés : un plan de gestion BIM, un plan d’exécution BIM et un plan quinquennal BIM. Mme Lelièvre précise qu’il est nécessaire d’utiliser des modèles fédérés et non des liens morts comme un site ftp qui ne permet pas la coordination en temps réel.
Pour conclure, la beauté du BIM est qu’il lie l’ingénierie et la construction en permettant de concevoir pour construire et en assistant les équipes de chantier pour transmettre ou modifier l’information efficacement.
Veuillez noter que la présentation Power Point de cette conférence ne sera pas disponible.
Par Mariline Fréchette, Comité édition
NOUVEAUX MEMBRES D’ASHRAE
Nous souhaitons la bienvenue aux personnes suivantes qui sont des nouveaux membres ASHRAE :
- Maria Trinidad Sotelo Lorenzo
- Jeffred Landaverde
- Nawaf Alsayed
- Jean Francois Dionne
- Simon Kattoura
GAGNANT DE LA BOUTEILLE DE VIN - ÉVALUATIONS DES CONFÉRENCIERS
Le gagnant d'une bouteille de vin, lors du tirage pour avoir complété le formulaire d'évaluation des conférenciers du souper-conférence du mois d’avril 2019, était Jean-David Duchesne de Armstrong Fluid Technology. Félicitations!
À chaque souper-conférence, nous offrons la possibilité d'évaluer les conférenciers en remplissant un formulaire en ligne dont les participants reçoivent le lien par courriel et de courir la chance de gagner une bouteille de vin lors du souper-conférence suivant. Le prochain tirage aura lieu le 13 mai 2019. Bonne chance à tous!
VOICI UN APERÇU DES DIFFÉRENTS PRÉSENTOIRS DE NOTRE DERNIÈRE SOIRÉE
ENVIROAIR INDUSTRIES
Mme Karine Ross, M. Jérémy Supiot, M. Samuel Benoit, M. Amal Humsi et M. Richard Boivin
sCHNEIDER-ELECTRIC
M. Gino Berlingieri, M. Vincenzo Marcovecchio et M. Michael Colicchio
JAS FILTRATION
-
M. Yvon Léveillé
MIURA CANADA
-
M. Martin Zanbaka
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