Les nouveaux réfrigérants : la transition a débuté
Que ce soit en éteignant les lumières lorsqu’on quitte une pièce vide ou en conduisant des voitures électriques, nous prenons de plus en plus conscience de l'impact que nous avons sur l’environnement. Depuis des années, l'industrie CVAC a augmenté la pression pour réduire l'utilisation de réfrigérants à haut potentiel de réchauffement planétaire. Il est maintenant temps d’agir. L’article suivant a pour objectif d’expliquer comment y arriver.
Le Protocole de Montréal de 1987 est un accord de protection de la couche d’ozone qui a été ratifié par la plupart des pays du globe depuis 1987. Il a proposé le remplacement des CFC par les HCFC et HFC. Au fil des années, cela a permis de diminuer les dommages que nous avons faits à la couche d’ozone. Par contre, cet accord ne se concentrait pas du tout sur le global warming potential (GWP), ou potentiel de réchauffement de la planète (PRP). Il est maintenant temps de ralentir le réchauffement de la planète en utilisant des réfrigérants avec un PRP qui est minimisé.
L’accord de Kigali de 2017 est un amendement qui vient modifier le Protocole de Montréal de 1987. Ce dernier propose de réduire l'utilisation des HFC au cours des prochaines années. Pour y arriver, la solution serait de passer à des réfrigérants ayant un potentiel de réchauffement planétaire plus bas que les HCFC et HFC. La figue 1 ci-dessous présente les réfrigérants qui sont considérés comme étant de ‘’nouvelle génération’’ pour remplacer les réfrigérants de transition qui sont présentement utilisés.
Figure 1 : Évolution des réfrigérants1
Vingt pays ont maintenant ratifié l’amendement de Kigali, ce qui lui permettra d’entrer officiellement en vigueur. Le Canada2, a signé cet amendement qui entrera en vigueur le 1er janvier 2019. Voici la position du Canada selon un article3 rédigé en octobre 2017 par la Gazette du Canada : ‘’Le Ministère a maintenu la date d’entrée en vigueur de l’interdiction, soit le 1er janvier 2025, avec une limite de PRP (Potentiel de réchauffement de la planète) de 750 pour tous les refroidisseurs pour permettre l’usage d’un éventail de produits de remplacement dans les divers types de refroidisseurs. ‘’
La figure 1 ci-haut illustre que les refroidisseurs fonctionnant au R-134a devront utiliser un réfrigérant de nouvelle génération tel que le R-513A et que les refroidisseurs fonctionnant au R-123 devront utiliser un réfrigérant de nouvelle génération tel que le R-514A.
Les choses sont plus compliquées quand il s'agit de remplacer le R-410A. Pour ce réfrigérant, les options de réfrigérants de prochaine génération sont « légèrement inflammables » (ASHRAE Class 2L). L’industrie tente présentement de trouver des solutions face à un certain degré d'inflammabilité, même s’il est faible. Pour les réfrigérants de classe 2L à installer à l'intérieur, une mise à jour importante du standard ASHRAE 15 est requise. Les normes étant mises à jour sur un cycle de trois ans, cette mise à jour sera terminée en 2019. Le défi est de favoriser un réfrigérant en maximisant son efficacité, en minimisant son inflammabilité et en éliminant les réfrigérants toxiques. Par conséquent, il n’y pas encore d'options recommandées pour remplacer le R-410A. Il faudra donc attendre à 2019 pour connaître les réfrigérants alternatifs recommandés pour les unités monobloc au toit, à réfrigérants variables (« VRF ») et autres équipements utilisant le R-410A.
Figure 2 : Régulations sur les réfrigérants1
La figure 2 ci-haut met en relief qu’il sera bientôt interdit de vendre des refroidisseurs fonctionnant avec un réfrigérant ayant un potentiel de réchauffement de la planète qui est supérieur à 750, tel que le R-134a ou le R-410a. Au Canada, c’est dans seulement 7 ans. Heureusement, plusieurs manufacturiers de refroidisseurs sont en mesure de fabriquer des équipements incorporant des réfrigérants de nouvelle génération en 2018, que les réfrigérants soient naturelsi ou synthétiques.
Bref, il faut être prêt à ces changements dans l’industrie pour 2025. Cependant, nous sommes capables de faire une différence pour l’environnement dès aujourd’hui. Encourager un client à opter pour un réfrigérant de nouvelle génération a beaucoup plus d’impact que sortir le bac de recyclage et peut potentiellement prendre moins de temps. Nous pouvons tous faire notre part, pourquoi ne pas favoriser un impact plus important?
Philippe Dolbec, B.ing
Chargé de compte chez Trane
Bibliographie :
1. http://www.trane.com/content/dam/Trane/Commercial/global/newsroom/blogs/Documents%202018/HVAC%20Industry%20Update.pdf
2. http://ozone.unep.org/sites/ozone/modules/unep/ozone_treaties/inc/datasheet.php
3. http://www.gazette.gc.ca/rp-pr/p2/2017/2017-10-18/html/sor-dors216-fra.php
[i] Cet article se veut principalement orienté sur les applications de climatisations. Il vise une sensibilisation sur les transitions en cours, et non une revue exhaustive de toutes les solutions disponibles et en développement en climatisation et réfrigération. Des développements intéressants se dessinent au niveau des réfrigérants naturels, qui pourraient faire l’objet de plus amples discussions et d’un autre article en soi.