CE QUE VOUS AVEZ PEUT-ÊTRE MANQUÉ...SOUPER-CONFÉRENCE DU 13 MARS 2017
Lors du dernier souper-conférence, nous avons eu le plaisir d’accueillir M. Karel Mayrand, président de Réalité climatique Canada et directeur général du Québec et de l'Atlantique de la Fondation David Suzuki. Nous vous présentons un résumé de cette conférence.
Nous remercions nos partenaires de cette soirée spéciale sur le développement durable :
Conférence principale
UN CLIMAT DE CHANGEMENT : COMMENT GAGNER LA BATAILLE DU CLIMAT présenté par M. Karel Mayrand, président de Réalité climatique Canada et directeur général du Québec et de l'Atlantique de la Fondation David Suzuki
M. Karel Mayrand en compagnie de M.Samuel Lavoie
Projet réalité climatique
Fondé en mai 2007, l’organisme Réalité Climatique Canada, est basé sur le modèle du Projet climatique créé par l'ancien vice-président et colauréat du Prix Nobel de la Paix, en 2007, M. Al Gore. L’organisme fondé par des ambassadeurs du climat canadiens, formés par M. Gore lui-même, « vise à élever la conscience publique des Canadiens sur l’urgence de la crise climatique ». Ainsi, les présentations données par l’organisme portent non seulement sur la science et les impacts dus aux changements climatiques, mais proposent aussi une gamme de solutions tant au niveau personnel que mondial.
Comment gagner la bataille du climat
M. Mayrand a commencé sa présentation en montrant la première image de la Terre complète (cf. figure 1). Il explique que la vie sur Terre est possible à cause de l’atmosphère qu’il compare à une fine couche de vernis sur un ballon. Il poursuit son idée en parlant de la révolution industrielle en associant l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre au début des changements atmosphériques du 19e siècle.
Fig 1 - Image de la terre
D'ou vient les gaz à effet de serre ?
Il existe plusieurs sources d'émissions de gaz à effet de serre (GES), mais celles-ci sont dues à presque toutes les activités humaines qui sous-tendent les civilisations modernes. M. Mayrand explique que des études récentes montrent une croissance accélérée année après année des émissions globales de carbone venant des combustibles fossiles, sans qu'il n'y ait de plafonnement en vue. En 2016, les émissions de CO2 globales reliées à l’énergie ont stagné pour la première fois deux années consécutives, résultat dû essentiellement à la réduction de combustibles fossiles brûlés.
Par ailleurs, M. Mayrand mentionne que d’autres études démontrent que la concentration de CO2 est directement reliée à la température moyenne de la Terre. Bien que plusieurs prétendent qu’il n’y a pas d’augmentation de la température depuis 1968, les données recueillies par les quatre organismes indépendants suivants démontrent le contraire :
- NASA Goddard Institute for Space Studies;
- Met Office / Hadley Centre (Royaume-Uni);
- Centre national de données climatiques (NOAA);
- Agence météorologique japonaise.
M. Mayrand explique ensuite que les données peuvent être présentées de façon différente selon la référence choisie. La différence d’une année à l’autre peut sembler ne pas être significative, mais en utilisant de plus grandes plages de données l'augmentation de température devient immanquable. À titre d'exemple, M. Mayrand souligne que le mois de février 1985 est le dernier mois durant lequel la température à la surface du globe n’a pas dépassé la moyenne observée de 1961 à 1990 (cf. figure 2).
Fig 2 : températures observées à la surface du globe
M. Mayrand continue avec d’autres faits alarmants tirés des données plus récentes. 2016 a été la 40ième année consécutive à dépasser la moyenne du 20ième siècle et le mois de septembre a été le 379ième mois consécutif à dépasser la moyenne du 20ième siècle. Le mois de septembre dernier a été le plus chaud de l’histoire.
la CONFÉRENCE DE PARIS 2015 : URGENCE ET ESPOIR
Lors de la conférence de Paris de 2015 sur le climat, le sujet des émissions de gaz à effet de serre a été traité. M. Mayrand nous résume. La tendance (cf. figure 3) montrait une augmentation de la température de la planète de 4°C d’ici 2050. Dans un souci d'infléchir cette tendance, des engagements de réduction ont été proposés pour se limiter à 54 gigatonnes de CO2 équivalents consommés en 2030. Toutefois, cette mesure est encore loin d’être suffisante pour ralentir l’augmentation de 2°C, souhaitée par la communauté scientifique pour éviter des phénomènes d'amplification.
Fig 3 : émission de GES dues aux activités humaines
D’un autre côté, en respectant ces accords, l’industrie pétrolière, gazière et charbonnière se voient limitées dans leur production et ceci amène des débats, puisque les réserves de combustibles fossiles confirmées représentent 22 trillion de dollars qui ne peuvent pas être exploitées (cf. figure 4). M. Mayrand a qualifié cette situation de « bulle financière du carbone». Cette bulle pourrait exploser de manière similaire à ce qui s'est produit avec le secteur immobilier à cause de la surévaluation des actifs.
Fig 4 : illustration de la « bulle financière du carbone»
pourquoi ALLONS-NOUS GAGNER LA BATAILLE DU CLIMAT?
Malgré toutes ces données désolantes, M. Mayrand a montré un optimisme prudent en affirmant que la bataille du climat est en train d'être gagnée et que ce n'est plus une question de savoir si les changements requis vont se produire, mais plutôt de savoir s'ils seront faits assez vite pour éviter des problèmes majeurs. M. Mayrand a cité trois raisons qui lui permettent d’affirmer que nous y parviendrons.
Le marché financier se rallie à la cause
M. Mayrand nous explique que les institutions financières ont vu la transition énergétique bien avant la mise en place de lois suffisantes. Depuis 2010, le potentiel de rendement des énergies renouvelables a augmenté si rapidement que, combiné avec l’accord de Paris et les autres mesures de réductions des GES, investir dans les énergies renouvelables est plus rentable que dans les énergies fossiles.
Certains politiciens, comme M. Donald Trump, pensent pouvoir relancer l’industrie du charbon, mais ce ne sera pas si simple. D’abord, il n’y a plus de nouvelles centrales construites depuis des années et les centrales existantes qui ferment sont remplacées par des centrales à énergie solaire ou éolienne, dont les coûts de revient sont plus rentables que le charbon. Selon M. Mayrand, M. Trump ne pourra que ralentir le déclin du charbon.
La révolution technologique
En 2000, on prévoyait qu'il y aurait seulement 30 GW d’énergie éolienne et 1 GW de solaire pour l'année 2010. En 2016, l’objectif éolien a été dépassé de 16 fois et il est prévu qu’en 2017 l’objectif solaire sera dépassé de 77 fois. Ces résultats sont possibles grâce à l’augmentation de l'efficacité des systèmes et à la baisse du prix des panneaux solaires. Le coût initial a dégringolé et de nouvelles technologies, comme des batteries au lithium de grande capacité, sont utilisées pour stocker de l’énergie durant les périodes où le coût de l’énergie est le plus bas. M. Mayrand donne l’exemple de l’Internet où l’accès à l’information est passé d’un système centralisé à un système complètement décentralisé. Il mentionne que le même phénomène peut se produire avec l’énergie, où un bâtiment peut devenir autonome du réseau et même fournir de l’énergie au réseau à un prix meilleur marché que les centrales énergétiques actuelles.
La naissance d'un mouvement citoyen mondial
Plus de citoyens sont conscientisés face à l'environnement et aux effets dommageables que les changements climatiques causent à leur bien-être. En effet, M. Mayrand mentionne que les premières victimes des changements climatiques sont les personnes pauvres et que ceux-ci se mobilisent de plus en plus fortement. Cette mobilisation dépasse les attentes, comme par exemple la manifestation de 25 000 personnes à Québec en 2016 pour sensibiliser les politiques à l'urgence d'agir.
mot de la fin
Pour terminer son exposé, M. Mayrand nous a invité à penser aux générations futures, à prendre nos responsabilités et à se doter de moyens pour assurer notre confort maintenant, mais en s’assurant que ceux qui nous succèderons pourrons bénéficier de ce même confort. N’oublions pas que parce que nous avons la capacité de causer des effets négatifs sur la « santé » de la planète, nous avons aussi la capacité de freiner ces mêmes effets si nous en faisons le choix collectivement.
Rodrigo Flores, comité édition
Voici un aperçu des différents présentoirs de notre dernière soirée
contech
Alain Picard, Johanne Rouleau
stelpro
Maxime Galarneau
aireau
Jonathan Ouellette, Martin Brisebois, Michel Sirois, Olivier R. Cholette
HYDRO Québec
André Labonté, François Millette