Ce que vous avez peut-être manqué...Souper-conférence du 14 NOVEMbre 2016
Lors du dernier souper-conférence, soit la Soirée prestige Gaz Métro, nous avons eu le plaisir d’accueillir M. Dominic Frenette de Bouthillette Parizeau et Mme Stéphanie Trudeau de Gaz-Métro. Leur présentation portait toutes deux sur le thème de l’énergie. Nous vous présentons ici un résumé de chacune des deux conférences.
Conférence technique
L'AVENIR EST AUX SOLUTIONS DE CENTRALISATION DES USAGES (EAU CHAUDE DOMESTIQUE, CHAUFFAGE, CLIMATISATION) présenté par monsieur Dominic Frenette, TP, PA LEED ID+C et Directeur - Marché commercial et résidentiel chez Bouthillette Parizeau
M. Frenette est venu nous parler du marché de la construction résidentielle, plus particulièrement le marché du logement collectif, et de l’optimisation des systèmes par de nouvelles pratiques. L’eau domestique est au centre du concept présenté par Mr. Frenette : l’eau chaude domestique est utilisée pour chauffer et l’eau potable est employée pour climatiser les logements.
Tout d’abord, M. Frenette explique qu’au fil des années, le marché résidentiel a fortement changé dans la grande région de Montréal. On est passé d’un marché de copropriétés à un marché de location d’appartements de luxe. Par ailleurs, il y a présentement une surabondance d’appartements tant en copropriété, qu’en location dans la grande région de Montréal. En 2015, on comptait plus de 2 000 condos au centre-ville, plus de 1 500 à Laval et plus de 750 sur la rive-sud.
De surcroit, le marché fait face à des acheteurs de plus en plus avertis et forts de mauvaises expériences passées. En effet, le nombre de poursuites relatives aux copropriétés a monté en flèche au cours des dernières années. Les acheteurs sont également de plus en plus exigeants face à l’efficacité énergétique et réclament des logements certifiés Novo-Climat, LEED ou autre système de pointage.
En plus de faire face à des acheteurs de plus en plus pointilleux, les entrepreneurs immobiliers doivent jongler avec des contraintes de plus en plus exigeantes la part des compagnies d’assurances. Un bon exemple est l’obligation de ne pas avoir de réservoir d’eau chaude sanitaire à l’intérieur des appartements pour réduire les risques de dégât d’eau.
M. Frenette poursuit en expliquant qu’il n’y a pas que le marché qui a évolué au fil des années. Il y a 30 ans, on alimentait les corridors en air frais et on compensait les appartements par les portes. Pour le confort en été, on utilisait des airs climatisés de fenêtre autonomes ou même parfois alimentés directement par l’eau froide domestique. Les différents codes et normes du bâtiment gagnent aussi en sévérité. Par exemple, pensons à l’air de compensation des hottes de cuisine et des évacuations de sécheuses qui est maintenant exigée pour limiter la dépressurisation des logements.
En jumelant les nouvelles exigences du marché, tant celles des acheteurs/locataires que celles des assureurs, et le fait que les appartements sont de plus en plus petits (moins de 500 pi.ca), les systèmes CVAC centralisés deviennent incontournables pour la conception d’un bâtiment résidentiel. En effet, le fait de centraliser la production d’eau de chauffage et de refroidissement dans une salle mécanique centrale permet de gagner de l’espace dans chaque logement.
M. Frenette pose la question : Est-ce que les systèmes à débit de réfrigérant variable (en anglais variable refrigerant flow ou VRF) font partie des solutions de l’avenir? Selon lui, avec l’évolution des réfrigérants, ainsi que les nouvelles réglementations environnementales, les systèmes VRF pourraient ne pas être viables à long terme. En autres, aucun réfrigérant actuel ne rencontre les exigences de l’accord du Rwanda portant sur la réduction des gaz hydrofluorocarbures (HFC).
Selon M. Frenette, l’avenir passe par un couplage du système CVAC au réseau d’eau domestique, c’est-à-dire, utiliser l’eau potable, chaude et froide, pour chauffer et climatiser les appartements. Le code B214, Code d'installation des systèmes de chauffage hydroniques, exige que la température de l’eau soit de 140°F dans les réservoirs, 130°F dans les boucles de recirculation et 120°F aux différents appareils consommant de l’eau chaude sanitaire. Il y a donc un différentiel de 20°F qui peut être utilisé pour chauffer l’air des appartements, plutôt que d’être perdu en mélangeant l’eau trop chaude avec de l’eau froide. On peut également utiliser l’eau froide potable pour climatiser. Ce principe est déjà répandu dans l’ouest Canadien, ainsi que sur les grands navires. Chose importante, afin de lutter contre la propagation de la légionellose, AXA recommande de maintenir l’eau domestique à des températures soit supérieures à 60°C, soit inférieures à 20°C.
Par la suite, Frenette explique son concept à l’aide d’une étude de cas, soit l’hôtel de Bleury qui compte quelque 290 chambres. Selon les standards de l’industrie, le débit d’eau chaude de chauffage et d’eau froide de climatisation sont inférieurs aux débits d’eau domestique. À l’aide d’une boucle de recirculation sur l’eau froide domestique, permettant de maintenir la température inférieure à 20°C, et en couplant le chauffage et la climatisation au réseau d’eau domestique, une économie en équipement et en efficacité énergétiques ont été observés. Comparé à un design standard, l’hôtel de Bleury a permis d’éviter l’installation de trois chaudières au gaz, ainsi que l’installation de quatre pompes, ce qui revient à une économie d’énergie d’environ 20%.
En conclusion, le concept proposé par M. Frenette est certainement innovateur, mais comporte certaines limites. Par exemple, si les appartements sont trop grands, il devient impossible d’utiliser l’eau froide domestique pour satisfaire à la charge de climatisation. Dans certains cas, l’ajout d’un refroidisseur couplé au réseau d’eau potable de la ville serait nécessaire pour générer suffisamment d’eau froide à la bonne température.
Adam Fecteau, comité édition
Conférence principale
DES SOLUTIONS ÉNERGÉTIQUES POUR UN IMPACT CONCRET, ÉCONOMIQUE ET DURABLE présenté par madame Stéphanie Trudeau, Vice-présidente – Stratégie, communication et développement durable chez Gaz Métro
uNE ENTREPRISE D'ICI
Mme Trudeau a débuté son exposé en nous présentant Gaz Métro, une entreprise bien de chez nous. D’abord, il faut savoir que Gaz Métro appartient en grande partie à des intérêts québécois comme le Fond de solidarité FTQ et la Caisse de dépôt et de placement du Québec. Ensuite, 28 % des actions sont détenues par la pétrolière canadienne Embridge et 29 % par la société d’énergie et d’investissement Valener. Gaz Métro distribue du gaz naturel sur deux principaux territoires, soit au Québec et au Vermont. Fait intéressant, la filiale américaine distribue également de l’électricité.
lES BILANS ÉNERGÉTIQUES DU QUÉBEC ET DU CANADA
Mme Trudeau poursuit en nous présentant la répartition de la consommation énergétique au Canada (cf. figure 1). Elle explique que les dépenses énergétiques en gaz naturel et en produits pétrolier sont similaires et tournent autour de 38-39 %. La dépense en électricité est de 21 %, proportion atteinte en partie grâce à l’abondance d’hydroélectricité au Québec et dont le bilan énergétique se distingue (cf. figure 2) du reste du Canada. Par ailleurs, au Québec, la majeure partie des produits pétroliers, qui sont de grands émetteurs de gaz à effet de serre (GES) et de particules fines, est consommée par le secteur des transports.
Fig. 1
Fig. 2
Justement, qu’en est-il du bilan des GES? Sans surprise, Mme Trudeau explique que c’est le secteur des transports qui émet présentement le plus de GES au Québec et qu’on note une augmentation de 31 % des émissions depuis 1990. Pour la même période, le secteur industriel accuse une baisse de près de 22 %, malheureusement attribuable en partie à des fermetures d’usines.
LES OBJECTIFS
En réponse à ces constats, le Québec s’est dressé des objectifs ambitieux de réduction des GES pour les décennies à venir. Mme Trudeau présente les cibles pour 2020, 2030 et 2050 (cf. figure 3). D’après ces chiffres, le Québec n’atteindra pas les réductions promises et devra compléter les cibles visées en achetant des droits d’émissions de carbone (de l’ordre de 8 % pour 202 et 17,5 % pour 2030).
Fig. 3
Mme Trudeau explique que la politique énergétique du Québec mise sur plusieurs objectifs : privilégier une économie faible en carbone, mettre en valeur les ressources énergétiques, favoriser la consommation responsable, maximiser l’efficacité énergétique et stimuler les innovations. Voici les cibles concrètes :
- améliorer de 15 % l’efficacité avec laquelle l’énergie est utilisée;
- réduire de 40 % la quantité de produits pétroliers consommés;
- éliminer l’utilisation du charbon thermique;
- augmenter de 25 % la production totale d’énergies renouvelables;
- augmenter de 50 % la production de bioénergie.
Plusieurs mesures misent sur le gaz naturel, notamment la production et la distribution de gaz naturel renouvelable, soit le biométhane obtenu à partir des déchets domestiques et/ou agricoles, ou encore soutenir le passage des véhicules lourds du diesel au gaz naturel sous forme liquide (GNL) ou comprimé (GNC). Mme Trudeau précise que l’utilisation du GNC ou du GNL permet de concentrer l’énergie transportée.
La démarche
Le 4e volet de la présentation de Mme Trudeau traite de la démarche propre à Gaz Métro qui se divise en trois axes : l’augmentation des mesures d’efficacité énergétique, l’accroissement des énergies renouvelables et le remplacement des produits pétroliers par le gaz naturel. Il faut d’abord comprendre que le système d’approvisionnement gazier en Amérique du Nord est un réseau complexe et étendu qui assure une grande disponibilité de la ressource (cf. figure 4).
Fig. 4
Par ailleurs, le prix du gaz naturel s’est maintenu relativement bas depuis les dix dernières années. Mme Trudeau donne des exemples de coûts d’opération pour deux catégories de bâtiments : 100 000 m3 et 1 000 000 m3. Dans les deux cas, les coûts annuels du gaz sont avantageux (cf. figure 5).
fig. 5
Ceci étant dit qu’elles sont les actions concrètes de Gaz Métro? En ce qui a trait à l’augmentation des mesures d’efficacité énergétique, Gaz Métro a participé à 4 410 projets en 2015-2016 ce qui a permis d’éviter une émission de 75 690 tonnes de GES. Mme Trudeau donne l’exemple du préchauffage solaire obtenu grâce à des capteurs solaires thermiques qui préchauffent l’air avant son entrée dans l’unité d’apport d’air neuf d’un bâtiment. Pour l’accroissement des énergies renouvelables, Gaz Métro vise sur l’utilisation du gaz naturel issu de la dégradation de matières organiques des citoyens. En plus d’être locale, cette production permet de générer des revenus pour le milieu. Mme Trudeau cite l’usine de St-Hyacinthe qui alimente les bâtiments municipaux et a permet le passage graduel du parc de véhicules de la ville vers le gaz naturel. Un projet-pilote est également à l’étude pour transformer la biomasse forestière en gaz naturel de source renouvelable (cf. figure 6).
Fig. 6
Finalement, pour Mme Trudeau la substitution du gaz naturel aux produits pétroliers est un incontournable. Il s’agit de mesures concrètes qui peuvent être prises dès maintenant pour réduire les émissions de GES, de SO2, de NOx et de particules fines, et ce en attendant que les technologies émergentes puissent prendre la relève.
En conclusion, Mme Trudeau nous a présentée Gaz Métro, une entreprise Québécoise qui tente d’apporter des solutions énergétiques viables afin d’avoir un impact positif et durable sur notre société. Pour Mme Trudeau, l’utilisation du gaz naturel est essentielle à l’atteinte de nos objectifs de réduction d’émissions de GES pour les années à venir.
Mariline Fréchette, comité édition
Voici un aperçu des différents présentoirs de notre dernière soirée
Enertrak
Marc Naccache, Rabih Al Maalouf, Yves Paquette et Raoul Gautreau
Engineered Air
Rob Boicey, Mathew Abouaccar, Sean Teixeira, Charles Noreau, Sylvain Durocher et John Deuel
Prokontrol
Dimitri Jeanty, Linda Lanteigne, Olivier Claude-Pépin
SERL
Martin Zanbaka et Carolane Rhéaume
Photos Robert Paquette, comité édition
ASSISTANCE
174 participants PRÉSENTS
37 étudiants présents
Gagnant du tirage de la bouteille de vin - 14 novembre 2016
Eric Landry au centre de la photo entouré de Daniel Robert et Samuel Lavoie
Eric LANDRY
Le gagnant d'une bouteille de vin lors du tirage pour avoir complété le formulaire d'évaluation des conférenciers du souper-conférence du mois d'octobre 2016 était Eric Landry de steamOvap. Félicitations!
A chaque souper-conférence, nous offrons la possiblité d'évaluer les conférenciers en remplissant un formulaire en ligne et de courir la chance de gagner une bouteille de vin lors du souper-conférence suivant.
Prochain tirage aura lieu le 16 janvier 2017.