CE QUE VOUS AVEZ PEUT-ÊTRE MANQUÉ...SOUPER-CONFÉRENCE DU 9 MARS 2020
Le 9 mars dernier, à l’occasion de la Soirée développement durable, le Chapitre de Montréal a reçu le conférencier Daniel Normandin, Directeur exécutif et cofondateur de l’Institut EDDEC (Institut de l’environnement, du développement durable et de l’économie circulaire) qui est venu nous parler de l’économie circulaire.
Conférence principale
L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE : UN(E) NOUVEL(LE) ENJEU (OU OPPORTUNITÉ) POUR LES INGÉNIEURS
Présentée par Daniel Normandin, biol., M.Sc., MBA
Gauche à droite: M. Daniel Normandin accompagné de M. Étienne Séguin-Dupuis
M. Normandin a débuté sa conférence en nous faisant part qu’en 2014, l’économie circulaire n’était pas connue en Amérique en comparaison avec l’Europe et l’Asie où ce concept était bien connu. Ce qui est encourageant c’est qu’en date d’aujourd’hui, ce concept est beaucoup plus connu dans le monde.
PRISE DE CONSCIENCE
M.Normandin nous présente un graphique de criticité relative des ressources minérales (visibilité sur les réserves et concentration de la production) et on peut y constater que les ressources ont des réserves faibles (environ 40 ans) et de façon générale on a moins de 5 grands pays producteurs. Alors, c’est une question de géographie et géologie et si les ressources se raréfient, il faut mettre plus d’énergie à aller les chercher.
M. Normandin nous mentionne que le pourcentage de circularité de notre économie était de 9.5% il y a 3 ans et présentement on est à 8.6%, ce qui nous indique que l’économie est moins circulaire qu’elle était il y a 3 ans.
Si on regarde le nombre de personnes qui consomment les ressources que la planète peut fournir, on retrouve 3.6 milliards de consommateurs de la classe moyenne parmi un total de 7.7 milliards de consommateurs dans le monde. Une autre notion inquiétante est le jour du dépassement qui a été en 2019 le 29 juillet, soit le jour où nous avons consommé ce que la planète peut nous fournir dans un an. Si la tendance se maintient ainsi, en 2030 le nombre de consommateurs dans le monde augmentera à 8.3 milliards et le jour du dépassement sera devancé dans l’année.
LES RESSOURCES
En somme, on extrait nos ressources, on les utilise et par la suite et, après usage, une partie est recyclée, une partie envoyée vers les sites d’enfouissement, et une parte est réutilisée. Mais pour trouver ces ressources on a un impact important sur l’écosystème, et c’est ce dernier qui nous fournit des services essentiels pour le maintien de la vie sur terre.
M. Normandin continue en nous mentionnant que l’environnement bâti est le plus important consommateur de ressources de la planète, contribuant entre 25-40% des émissions totales de GES. Ceci est dû entre autres au fait que dans le secteur de la construction il n’y a pas beaucoup de progrès connu dans la construction des bâtiments institutionnels. À échelle globale, le flux le plus important se retrouve dans les grandes villes et un enjeu important est le gaspillage alimentaire qui représente 40% des pertes. Ceci est dû à la pratique dominante d’envoyer les déchets dans les sites d’enfouissement avec peu de récupération.
L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE VERSUS L’ÉCONOMIE LINÉAIRE
On aime définir l’économie circulaire en opposition à l’économie linéaire puisque cette dernière ne représente pas un modèle durable. Dans l’économie linéaire, le modèle économique dominant depuis l’ère industrielle, on extrait les ressources, on les transforme, on les consomme et on les jette; on agit comme si les ressources étaient illimitées sur la planète. Dans ce modèle on finit par surconsommer les ressources et les émettre dans l’environnement en suivant la chaine : extraction, transformation, distribution, utilisation et en dernier gaspillage/ pollution ou déchets. L’objectif de l’économie circulaire est de faire un découpage entre la croissance économique, l’extraction des matières premières et l’impact sur l’environnement.
M. Normandin nous présente par la suite le nouveau modèle proposé de l’économie circulaire, soit : «Système de production, d’échange et de consommation visant à optimiser l’utilisation des ressources à toutes les étapes du cycle de vie d’un bien ou d’un service, tout en réduisant l’empreinte environnementale et en contribuant au bien-être des individus et des collectivités ». M. Normandin nous mentionne qu’il y a peu de définitions à ce sujet mais que les principes de bases sont là. De façon générale on essaie de capter la valeur de ce qui circule dans le marché pour éviter qu’elle se retrouve sur le site d’enfouissement. De plus le Québec est le premier territoire où le concept d’économie circulaire a été introduit, alors nous avons comme mission de développer des compétences pour que le modèle de l’économie circulaire se développe rapidement. Un schéma co-constructif et évolutif présente les 2 principes de base, repenser et optimiser.
1) Repenser pour réduire la consommation de ressources et préserver les écosystèmes, soit :
- Écoconception;
- Consommation et approvisionnement responsables;
- Optimisation des opérations.
2) Optimiser, soit :
2.1 Donner une nouvelle vie aux ressources (écologie industrielle, recyclage et composte, valorisation).
2.2 Prolonger la durée de vie des produits et des composants (entretien et réparation, don et revente, reconditionnement, économie de fonctionnalité).
2.3 Utiliser les produits plus fréquemment (économie collaborative, location court terme).
Alors, l’économie circulaire essaie plutôt d’optimiser l’usage des ressources qui sont déjà extraites pour réduire la pression sur les ressources vierges et l’environnement. Pour résumer, ce modèle économique repose sur des ensembles de stratégies déployées de manière cohérente: le premier ensemble vise à réduire en amont l’utilisation de ressources (par l’écoconception par exemple); le deuxième, à intensifier l’usage des produits grâce, entre autres, à l’économie collaborative; par le troisième ensemble, on veut allonger la durée d’usage des objets; finalement, en fin de cycle, il reste le recyclage et la valorisation.
Par la suite, M. Normandin nous donne un exemple facile, soit celui de ne pas créer des produits multicouches pour pouvoir récupérer facilement les matériaux. Il nous présente plusieurs compagnies (LAVERGNE, ONFARM, etc.) qui font des efforts pour (2.1) réduire à la source la consommation de ressources vierges ou critiques (objectif 1), ainsi :
- Substitution de ressource non vierge, non critique, renouvelable.
- Dématérialisation et multifonctionnalité.
- Nouvelles technologies de production.
- Optimisation des opérations, de la logistique et de l’usage.
D’autres compagnies comme FSC, OEKO-TEX, Pèche Durable MSC, Interface, Steelcase etc. sont des exemples pour la préservation de la santé des écosystèmes. Cela consiste dans :
- L’extraction/prélèvement à faible impact sur les milieux naturels.
- Élimination à la source de l’usage de substances toxiques.
- Réduction de la pollution.
- Séparabilité biologique et technique, soit de s’assurer qu’on a des composantes recyclables et démontables pour être réintroduites dans le cycle économique.
Au Québec on retrouve plus d'initiatives recensées pour intensifier l’usage de l’économie collaborative, de l’économie de partage, du système de mutualisation et de la location à court terme. Un exemple très représentatif pour l’économie de partage est celui de partage de voiture qui, de plus, a un volet social très important.
Une autre façon d’optimiser est celui (2.2) de prolonger la durée de vie des produits et des composantes, sous divers aspects, soit:
- Entretien et réparation.
- Don ou revente de produits usagés.
- Reconditionnement et refabrication.
- Économie de fonctionnalité.
Alors, la façon la plus simple de prolonger la durée de vie des composantes est la réparation qui est de plus en plus accessible, on retrouve les pièces de rechange de plus en plus, ce qui nous fait croire que c’est une tendance qui va augmenter dans le temps. M. Normandin nous donne l’exemple d’un événement qui a lieu à l’École Polytechnique de Montréal ou les gens se ressemblent et essayent de réparer l’irréparable. De nos jours, on retrouve également de plus en plus d’entreprises qui offrent des produits reconditionnés (comme neufs), comme par exemple, les ordinateurs, les coquilles des spas (Poseidon Piscines et Spas), les moteurs (Pratt & Whitney Canada), les produits XEROX etc. En Europe, un exemple de l’économie de fonctionnalité qui fonctionne est celui de Philipps qui loue le système d’éclairage et s’occupe de la logistique et de la mécanique. Cette façon de faire permet à des compagnies de conserver le capital de la matière.
La dernière boucle de l’optimisation est celle de (2.3) donner une nouvelle vie aux ressources, soit optimiser la fin de vie des produits et des rejets de la chaine de valeur par :
- Écologie/synergies industrielles;
- Recyclage en boucle fermée ou ouverte;
- Extraction biochimique et compostage;
- Valorisation énergétique.
Un exemple de synergie industrielle a été donné par M. Normandin, soit celui d’une compagnie qui fabrique un polyester optimisé puisque le sous-produit d’un devient la matière première de l’autre. Un autre exemple est celui de la compagnie LOOP qui utilise les fruits et légumes moches pour faire du jus et de la pulpe.
L’analyse de flux de matière (AFM) c’est un outil incontournable pour la réussite et l’exemple de Paris le prouve : on peut voir ce qui entre et ce qui sort dans un territoire pour savoir ce qui est gaspillé. Au Québec on veut se donner des cibles de matières et établir une base de données pour nous aider à utiliser l’ASM dans le domaine de la construction, soit de savoir ce qu’on peut faire avec l’ensemble de nos flux pour optimiser les matériaux.
M. Normandin mentionne que c’est un déploiement bien amorcé au Québec, et cela en nous présentant les faits suivants :
- Pôle regroupant des acteurs clés (2015).
- Groupe interministériel sur EC – GIEC (2016).
- Plusieurs initiatives territoriales amorcées (dont Synergie Québec).
- Résultants de projets de recherche, soit :
- Retombées économiques pour le Québec.
- Potentiel de l’économie circulaire appliquée à trois métaux.
- Cartographie des initiatives à l’échelle de Montréal.
- Premier diagnostic de la filière textile au Québec.
- Économie circulaire t réduction des GES industriels.
- Assises québécoises sur l’économie circulaire (seconde édition 3-4 juin 2020).
- Plateforme quebeccirculaire.org.
- École d’été et MOOC.
Il continue en spécifiant que l’important c’est de s’assurer que tout le monde a une compréhension commune de l’économie circulaire et de ses composantes. La plateforme permet aussi d’inscrire en tant qu’organisation, en tant que gouvernement, etc., les initiatives d’économie circulaire qui sont mises en œuvre à l’échelle du Québec. Il y a 300 membres et plus de 75 initiatives québécoises décrites sur la plateforme. Ça permet de faire évoluer la sensibilisation à ce nouveau modèle économique et sa compréhension. On y trouve des outils sur l’économie circulaire et le but est de faire converger les champs d’intérêt, les projets et les ressources vers un endroit unique. C’est pour cela que M. Normandin l’a nommée : La plateforme qui ressemble les acteurs de l’économie circulaire au Québec.
Conclusion
Reconnu comme un des pionniers de l’économie circulaire au Canada, M. Normandin a réussi à nous faire un portait global de l’économie circulaire et des outils existants ou en devenir. M. Normandin conclu en nous disant qu’à l’aide des outils mis en place ils souhaitent inspirer et informer pour que les organismes, les gouvernements locaux, les entreprises et les individus passent à l’action et conçoivent des projets contribuant à l’économie circulaire à leur échelle. Cette transition devient absolument essentielle si l’on veut tendre vers un développement durable. On n’a pas d’autre choix que de passer par un modèle économique circulaire, capable de ramener la production et la consommation aux limites d’une seule planète.
Par Magdalena Stanescu, Comité édition
Veuillez noter que la présentation Power Point de cette conférence ne sera pas disponible.
YEA LEADERSHIP WEEKEND - GAGNANT
Le gagnant du concours, qui se mérite la chance de participer à la formation ASHRAE YEA Leadership Weekend 1.0 qui devait avoir lieu du 15-17 mai 2020 à Minneapolis, Minnesota, est M. Jean-David Duchesne d'Armstrong. Nous venons d'apprendre que l'événement a été annulé pour ce printemps. Nous regardons la possibilité de le faire participer à celui d'automne. Ce n'est que partie remise !
M. Jean-David Duchesne
GAGNANT - ÉVALUATION DES CONFÉRENCIERS
M. Olivier Leblond s’est mérité une carte-cadeau à la SAQ lors du tirage effectué parmi tous les formulaires reçus pour l’évaluation des conférenciers de la soirée du mois de mars 2020. Félicitations!
À chaque souper-conférence, nous vous offrons la possibilité d'évaluer les conférenciers en remplissant un formulaire en ligne. Tous les participants à la soirée reçoivent un lien par courriel. Une carte-cadeau est remise lors du trirage du souper-conférence suivant parmi tous les répondants. Le prochain tirage aura lieu le 11 mai 2020. Bonne chance à tous !
M. Olivier Leblond
VOICI UN APERÇU DES DIFFÉRENTS PRÉSENTOIRS DE NOTRE DERNIÈRE SOIRÉE
XYLEM SYSTÈMES D'EAU APPLIQUÉ
Dominik Bilodeau
TRANE CANADA
Patrick Pipon, Marc Brizard, Hugo St-Amant, Benoit Labelle et invités Pierre-Olivier Nadeau et Simon Wojcikr
JOHNSON CONTROLS
-
June Malki et Jean-François Ouellet
DAIKIN
-
Jonathan Hackett, Julien Sussat, Pablo Baltazar, Philippe Lapointe et Jean-Philippe Zyromsky